Prophecy
Critiques, Manga

Prophecy

« Voici mes prévisions pour demain ! »


La critique d’un manga a pour but de vous donner envie de vous intéresser à l’œuvre SANS SPOIL pour ne pas vous gâcher le plaisir de lecture. Si vous avez déjà lu l’œuvre, vous pouvez vous diriger vers notre analyse en deuxième onglet.


En bref : En seulement trois tomes, Prophecy vous plonge au cœur d’une intrigue parfaitement ficelée, ancrée dans le réel, qui vous amènera notamment à réfléchir sur les effets des réseaux sociaux sur le comportement humain.

À la suite d’un événement tragique survenu au Japon, le massacre d’Akihabara en 2008, Testsuya Tsutsui a voulu écrire une histoire s’inspirant de ce drame pour dépeindre ce qu’il a ressenti à ce moment et extérioriser la frustration qu’il éprouve vis-à-vis de cette société japonaise dans laquelle il évolue. Trois ans plus tard, Prophecy démarre sa prépublication dans le magazine Jump Kai de la Shueisha en juillet 2011 avant de connaître une sortie en tomes reliés au Japon puis en France le 28 juin 2012 auprès de l’éditeur Ki-oon à qui l’auteur doit sa popularité aujourd’hui.

Prophecy est un seinen en trois tomes de genre enquête avec une ambiance de thriller, scénarisé et écrit par Tetsuya Tsutsui. On est amené à suivre le mystérieux personnage de Paperboy, terroriste anonyme agissant sur internet traqué par l’équipe du nouveau département de la police, la section anti-cybercriminalité. Un jeu d’enquête policière va alors s’installer sans que l’auteur nous incite à préférer un parti à l’autre.

Tout en faisant avancer son histoire, l’auteur va en profiter pour tisser une véritable critique sociale des déboires d’internet mais également revenir sur des faits d’actualité japonaise.

Au travers d’un portrait morose de la société japonaise, les personnages principaux nous apparaissent comme humains sans que l’auteur ait besoin de s’attarder longuement sur leurs cas. Tetsuya Tsutsui fait progresser méthodiquement son récit afin que le lecteur prenne part directement à l’enquête et s’interroge en permanence sur le but des actions qui lui sont montrées. L’auteur joue habilement avec notre perception pour nous diriger, pas à pas, vers un final maîtrisé qui était prévu dès les premières lignes.

Néanmoins, le format choisi en trois tomes étant relativement court, il est facile d’avoir l’impression que les événements se déroulent rapidement. En contrepartie, le récit ne se perd pas avec de longues phases dispensables. Ainsi, n’ayant pas le temps pour apporter un développement profond à chacun, certains personnages secondaires font acte de présence et servent uniquement à mettre en avant les personnages principaux. L’auteur tente aussi d’incorporer de courtes séquences humoristiques, parfois appréciables parfois dispensables, elle permettent tout de même d’apporter de la légèreté au sein du récit.

Concernant le dessin, Tetsuya Tsutsui réalise d’abord ses traits au critérium avant de peaufiner l’ensemble sur logiciel de dessin. Que cela concerne les personnages ou les décors, le dessin arbore ainsi un style très précis tout en gardant un effet crayonné. Les décors, quasi-omniprésents, permettent de renforcer l’aspect ancré dans le réel du récit tandis qu’ils s’absentent uniquement sur les gros plans de personnages pour mettre leurs émotions en valeur. Grâce à un découpage efficace, l’auteur introduit des personnages ou amène des révélations en silence, seulement par une transition pertinente des scènes.

Paperboy Prophecy

Au niveau de l’édition Ki-oon livre les trois tomes dans un format classique avec une à deux pages couleur appréciables en début de chaque tome. Les couvertures sont dans l’habitude de ce que Ki-oon propose mais dénotent malheureusement avec la particularité des couvertures des autres mangas de l’auteur sortis jusque là (un papier plus épais et légèrement granuleux).

Après Manhole, Prophecy est la deuxième histoire de Tetsuya Tsutsui à dépasser le stade du one shot. Avec son scénario maîtrisé et son style de dessin précis, Prophecy constitue une excellente porte d’entrée à l’univers de l’auteur.

Suivant l’auteur depuis pratiquement ses débuts en France, Prophecy reste, à mes yeux, son œuvre la plus emblématique et la plus profonde. Il est rare de lire des récits où les auteurs n’hésitent pas à mettre en avant une vision aussi vindicative de la société dans laquelle ils évoluent. De plus, Testsuya Tsutsui en profite pour  apporter une réflexion sur l’évolution des comportements humains avec la démocratisation des réseaux sociaux. La majorité des anecdotes évoquées dans Prophecy étant issus de faits existants, cela renforce d’autant plus la crédibilité du récit et son ancrage dans le réel.

Prophecy Paperboy

Attention, cette rubrique SPOIL l’intégralité de l’intrigue de l’œuvre. Elle a pour vocation d’analyser en profondeur le manga, d’en déceler les références et les messages véhiculés. Prophecy comportant de nombreuses références à des faits réels, en plus de dérouler son scénario méthodiquement, nous allons procéder à une analyse de chaque séquence du manga.


Avant toute chose, la lecture de Prophecy est perçue différemment à la première lecture et aux suivantes. Ceci à un effet double tranchant pour le récit car à la première lecture, Prophecy peut parfois sembler « confus » ou « convenu ». En effet, lors de la lecture du premier tome, le lecteur aura du mal à voir où Paperboy veut en venir avant le chapitre de fin qui est supposé dévoiler ses intentions. Alors, le lecteur habitué à Tetsuya Tsutsui (ou ce genre d’histoires en général) est amené à penser que Prophecy est une nouvelle histoire centrée sur la vengeance. Or, ce cheminement de pensée est une manipulation habile de Tetsuya Tsutsui car au final, la vengeance restera une thématique mineure du récit utilisée pour masquer les réelles motivations des protagonistes. Là où ce tour astucieux renforce grandement le coup d’éclat du final, jusqu’au chapitre de fin, le lecteur peut avoir l’impression que les actions prennent une dimension démesurée par rapport aux motivations avancées.

Prophecy intro
Première case de Prophecy

Dès les premières lignes, l’auteur nous dirige sur le thème de la vengeance envers une société injuste grâce à son personnage principal annonçant qu’il veut changer le monde. Mais la première phrase de Paperboy « Que les choses soient bien claires… Ce n’est pas pour moi que je fais tout ça » est le premier rouage du tour de l’auteur pour nous faire croire que Paperboy agit pour un bien commun alors que sa cause est entièrement personnelle.

Prophecy R4
On reconnaîtra la carte R4, populaire dans le monde entier pour les hacks de console portable

Le premier tome va alors commencer par introduire les personnages à commencer par le département anti-cybercriminalité, à savoir : le Lieutenant Yoshino et ses deux sbires. Leur scène d’introduction pose également l’atmosphère du récit grâce à ce personnage cliché se faisant attraper pour avoir détourné et mis en ligne du contenu numérique. Cette scène pose également le ton de la position de l’auteur vis-à-vis des réseaux sociaux, on voit immédiatement le personnage se faire trahir par ses abonnés Twitter qui profitent de l’arrestation pour lui tourner le dos et le descendre. A ce moment-là, tout dépend de votre connaissance de ce monde là mais surtout de votre perception. Personnellement je trouve les réactions des internautes tout à fait crédibles avec ce qui pourrait arriver dans une telle situation.

Prophecy - réseaux sociaux

S’ensuit la découverte de Paperboy par la police qui, avant même de considérer la thèse du canular, se trouve confrontée en direct à la réalisation d’une des prédictions de Paperboy et le duel entre les deux partis est alors immédiatement lancé. Il est intéressant de noter que la police ne s’intéresse pas immédiatement à Paperboy car elle arrive sur l’affaire après la diffusion de trois vidéos. L’équipe de Yoshino & co commence ensuite la traque de Paperboy en enquêtant auprès d’une de leurs victimes et l’auteur en profite pour troubler notre perception manichéenne de l’enquête. Lors de l’interrogatoire, Yoshino légitime presque l’acte de Paperboy en mettant l’interrogé face à ses torts. Ainsi, dès cette première affaire, l’inspectrice comprend les agissements des terroristes et continue sa traque pour montrer qu’elle ne les cautionne pas. Le lecteur peut ainsi commencer son questionnement sur quelle façon de rendre la justice lui semble le plus légitime à ses yeux.

Le personnage de Okuda, l’incarnation centrale de Paperboy, est introduit rapidement ensuite pour montrer que la police se rapproche très rapidement de la bonne piste. Malheureusement, l’introduction d’Okuda aurait gagnée à être légèrement retardée pour avoir un meilleur impact. Son introduction apporte peu dans l’immédiat, nous revenons à voir le personnage officier sous son alter-ego Paperboy pour annoncer sa prochaine prédiction qui continue dans la dénonciation sociale des travers de la société japonaise.

Prophecy paperboy identité
Transition qui aurait pu servir d'introduction parfaite pour Okuda en tant que Paperboy

Là où la dernière s’attaquait à un problème bien connu de la société japonaise mais également de la nôtre, le stalking, cette affaire pointe également un problème sociétal, la discrimination à l’embauche. Le système d’embauche japonais est très particulier et éloigné du nôtre. Les japonais sont recrutés à leur sortie d’université en CDI à un âge moyen de 22 ans et il est ensuite extrêmement difficile pour ceux n’ayant pas suivi cette voie de réussir à trouver un emploi stable à un âge plus avancé. Possédant très peu de filières ou de formations professionnelles, les japonais gagnent des compétences professionnelles seulement en travaillant. Ainsi, un japonais n’étant pas entré dans le système professionnel assez tôt ou en étant sorti pendant une longue période a peu de valeur aux yeux des recruteurs et est souvent condamné à enchaîner les petits boulots. Ce fait concerne la prédiction de Paperboy mais également la situation des personnages principaux que nous commençons à découvrir immédiatement après avec une rétrospective sur le passé de Okuda et ses conditions de travail lorsqu’il était en intérim.

En dehors des quatre personnages principaux, on découvre en même temps Hyoro qui sera le point central du combat de Paperboy. Il trouve la mort suite aux conditions de travail inhumaines des travailleurs japonais mais également parce qu’il a dû détériorer sa santé en vendant un rein pour pouvoir se rendre au Japon afin d’aller à la rencontre de son père.

Prophecy Hyoro

Même si « vendre un rein » est devenue une expression courante y compris dans nos contrées, cela représente un fait bien réel et le Japon n’échappe pas au marché noir d’organes. Avec 13 000 japonais sur liste d’attente pour accéder à un don de rein, seulement environ 1000 transplantations par an sont réalisées. Ainsi certains japonais essayent d’aller en Chine ou aux Philippines pour accéder à ce traitement. Avec cette forte demande, un marché noir s’est crée où les immigrés vendent de leurs organes à des Yakuzas afin de se faire de l’argent en arrivant dans le pays.

Bien que l’auteur ait déjà représenté des scènes de violence dans ses œuvres précédentes, la dernière scène de ce tome est d’une violence morale et physique inédite. Chaque passation de pelle marque la signature d’un contrat invisible entre les quatre personnages. Et lorsque la pelle est passée à Nobita, le regard de chaque personnage étant représenté, il est possible d’imaginer que Nobita a suivi le mouvement au vu de la pression exercée par la situation.

Cette fin de premier tome permet à Tetsuya Tsutsui de faire croire au lecteur jusqu’au dénouement d’avoir compris les réelles intentions du groupe, à savoir venger leur ami en se vengeant de la société.

Maintenant que l’univers a été présenté dans sa globalité, le tome deux peut débuter en revenant au jeu d’enquêtes et à une première prédiction de Paperboy, cette fois attaquant un fait réel bien précis. Il est question d’une organisation écologique ayant déclaré que le tsunami de 2011 était une « justice » rendue aux japonais. Et tous les faits décrits par Tetsuya Tsutsui dépassent la fiction car ils se sont effectivement produits après le tsunami.

Waso ADN Japon

Cliquez ici pour en savoir plus sur les événements liés au tsunami relatés dans Prophecy

L’organisation américaine « Sea Shepherd » est une ONG dirigée par Paul Watson et luttant pour la protection des écosystèmes marins. Leurs relations avec le Japon sont extrêmement négatives en raison de leur émission documentaire « Whales Wars » (Justiciers de la mer) pendant laquelle Sea Sheperd milite et lutte contre la pêche baleinière japonaise. Dans cette émission, Paul Watson et ses équipiers n’hésitent pas à percuter des navires japonais, à envoyer des bombes fumigènes ou encore dégrader des hélices et gouvernails des bateaux japonais afin d’empêcher la pêche de baleine. La majorité des Japonais considèrent le leader de l’ONG comme un écoterroriste et l’institut japonais de recherche sur les cétacés a demandé recours à la justice pour stopper les actions de cette ONG.

En réaction au tsunami du 11 mars 2001, Paul Watson a publié un poème sur sa page facebook dans lequel il fait référence à la colère de Neptune comme évoqué dans Prophecy. La comparaison ne s’arrête pas là : Paul Watson est bien « Bob Parker » le personnage représenté dans Prophecy. En plus de la ressemblance physique, la nationalité, la vie privée et l’âge exact correspond. Son nom, Bob Parker, vient d’un bateau de Sea Sheperd, le « Bob Barker » qui est utilisé dans la poursuite des baleiniers japonais.

Vis-à-vis de leur déclaration à la suite du tsunami, l’ONG ne fut pas la seule à légitimer la présence du tsunami. Au lendemain de la catastrophe, des chrétiens se sont exclamés sur internet que le tsunami était une punition divine envers le Japon tandis que certains américains ont déclarés que ce drame était une justice rendue pour Pearl Harbor. Le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara a également décrit le tsunami comme une punition divine envers l’égoïsme des japonais.

Face à tous ces commentaires néfastes, il est alors tout à fait réaliste d’imaginer des japonais en colère et meurtris suite à la perte de proches comme l’employé de cybercafé aidant Paperboy dans Prophecy.

Le dénouement de cette affaire voit le lieutenant Yoshino déposer sa démission considérant que l’opération fut un échec. Le coup de la carrière mise en jeu sur une affaire est récurrent dans les enquêtes policières afin d’accroître le sentiment d’implication des personnages. Avant que sa démission soit naturellement refusée, Yoshino évoque un fait divers japonais en tant qu’exemple auprès de son responsable (Vous pouvez retrouver des détails sur cette affaire dans l’onglet « En savoir plus »).

Tandis que les actes de Paperboy prennent de l’ampleur, les internautes cautionnant ses actes se multiplient jusqu’au cas de ce personnage qui décide d’imiter les actes de son modèle en annonçant un meurtre. La réalisation de sa « prédiction » apparaît comme un moment comique mais permet surtout d’introduire la prochaine et dernière cible du vrai Paperboy, Tadashi Shitaragi, un politicien corrompu utilisant la lutte contre la cybercriminalité pour faire sa campagne personnelle. Lors de l’introduction de ce personnage, un micro-trottoir est réalisé par une chaîne TV et nous voyons un passant évoquer la censure dans les mangas, détail « amusant » sachant que Tetsuya Tsutsui a subi la censure directement pour son manga Manhole en 2009.

Prophecy 2chan
Une partie d'une interview du créateur de 2chan, Hiroyuki Nishimura, est citée pour appuyer les propos de Shitaragi

La fin de ce tome fait écho à ses premières pages en approfondissant le personnage de Nobita et en faisant comprendre au lecteur que les vraies intentions du groupe n’ont pas été encore entièrement dévoilées.  Déterminé à se désolidariser du groupe, Nobita se convainc qu’on lui a forcé la main et qu’il peut encore faire marche arrière. Son appel auprès de la police est un cliffhanger parfait pour terminer le tome deux (Cliffhanger qui n’ira évidemment pas jusqu’au bout afin d’éviter une fin prématurée du récit).

En réaction à leur nouvelle prédiction, les personnages du récit ainsi que le lecteur ont été amenés à croire que la mort annoncée du politicien par Paperboy serait bien réelle mais le fait d’avoir tourné ça en « mort médiatique » est plus cohérent avec les revendications du groupe jusqu’à présent : punir les acteurs néfastes de cette société et empêcher que cela se reproduise.

Pour faire avancer son enquête, Yoshino a recours à un « hacker » professionnel qui aide la police et cette personne n’est autre que le personne principal de Reset, un précédant one-shot de l’auteur. Egalement ré apparu dans Manhole, Tetsuya Tsutsui fait de nouveau appel à ce personnage pour faire avancer son récit mais également pour faire un clin d’œil à ses fans les plus fidèles.

Prophecy Reset

Grâce à son intervention, Yoshino peut enfin se rapprocher de la vérité et découvrir, en même temps que les lecteurs, l’approfondissement de l’histoire de Hyoro. L’image montrée de son père laisse penser que le politicien en question pourrait être Tadashi Shiatargi au vu de la ressemblance physique. Néanmoins cela reste de la supposition et il n’y a aucune piste supplémentaire qui nous permettrait d’aller dans ce sens.

Prophecy Shitaragi
Prophecy Yoshino

L’annonce du suicide des Paperboy retentit comme un choc et laisse alors le lecteur, avec les autres personnages du récit, à se demander où est-ce que tout cela va bien mener. La scène finale semble alors irréaliste, il est rare de voir les personnages principaux d’un récit se suicider et nous avons du mal à imaginer que cela va se réaliser jusqu’à la confirmation de l’acte.

La découverte des corps par Yoshino est saisissante et apporte le dénouement parfait à ce jeu du chat et de la souris entre les personnages. Au travers des messages vidéos, on a l’impression d’assister à la rencontre des deux protagonistes tandis qu’Okuda dévoile alors les réelles motivations de Paperboy.

Le moment où Yoshino comprend les réelles intentions de Okuda permet de revoir les quelques passages du récit où Tetsuya Tsutsui nous donnait des indices pour nous mettre sur la piste. Comme elle l’avait résumé en milieu de récit, Okuda avait le sentiment d’agir pour le bien de quelqu’un d’autre, de son ami. Et ce, peu importe si cela devait lui coûter la vie, il n’y était plus attaché mais il ne voulait pas partir en vain face à ces injustices.

Bien que cela aurait été plus marquant que chaque membre du groupe Paperboy suive Okuda jusqu’au bout, le fait qu’il soit le seul à mourir en faisant preuve d’autant d’abnégation est cohérent avec le récit.

Yoshino résume parfaitement qu’il était difficile d’espérer que chaque personne applique un plan sur le long terme dont l’issue est la mort. Le plan alors imaginé par Okuda est parfaitement crédible et permet d’alléger la peine de ses trois complices, qui, avec les épreuves traversées ensemble, restent admiratifs envers la détermination et l’intelligence d’Okuda.

Résolue, Yoshino décide également d’honorer la mémoire d’Okuda en accomplissant à son tour sa dernière volonté et donne du sens au réel combat des Paperboy.

Prophecy fin

Pendant tout ce temps, il n’était pas question de vengeance à grande échelle, de devenir un justicier ou bien le robin des bois 2.0. Prophecy était l’histoire d’une quête personnelle, celle d’une bande de potes soudée voulant accomplir la dernière volonté de leur ami injustement décédé. Pour y parvenir, ils ont manipulé la foule en la considérant comme un bête objet. Ils se sont portés responsable d’actes vengeurs allant de la menace au châtiment pour faire du bruit, pour que le monde se tourne vers eux afin, d’inconsciemment, les aider à réaliser leur plan.

Okuda savait exactement comment se mettre ce public dans sa poche afin de servir ses intérêts et ne leur a apporté aucune considération. Les Paperboy n’ont que faire de passer comme un échec, une tentative ratée auprès du grand public, leur objectif personnel réalisé, personne d’autre n’a de l’importance.

Dans cette fin, on peut ressentir le mépris envers cette masse bruyante d’internet composée d’individus perdant leur individualité pour rentrer dans la course du commentaire le plus drôle. Un tel message peut se révéler ironique quand on sait que Tetsuya Tsutsui s’est fait connaître grâce à son blog sur internet. Néanmoins, avec Prophecy, il adresse un message fort envers les injustices de la société japonaise, dénonce des atrocités réelles qui ont été faites au peuple japonais et s’indigne face aux réactions de masse recensées sur internet.

Ce message amène à véritablement réfléchir sur les comportements adoptés par chacun en groupe sur les réseaux sociaux et également à porter un regard critique envers les faits d’actualités exposés dans le manga.

En réaction au massacre d’Akihabara en 2008, Tetsuya Tsutsui a voulu écrire ce qu’il a ressenti à ce moment-là et faire le portrait de la société japonaise telle qu’il la voit. Prophecy se pose alors comme une œuvre contestataire lourde de sens et représente un tournant dans les messages dénoncés par l’auteur dans ses œuvres.

Après Prophecy, Tetsuya Tsutsui écrira Poison City qui sera cette fois entièrement centré sur des faits réels qui sont directement arrivés à l’auteur. Je ne peux que vous conseiller de vous intéresser au reste de la bibliographie de l’auteur si Prophecy a retenu votre attention. Celle-ci est composée uniquement de one shot et séries courtes qu’il vous sera facile de vous procurer auprès de Ki-Oon.

Prophecy personnages

Cette section vous permet d’approfondir les thèmes abordés dans le manga via des articles directement en relation avec les faits évoqués.


Les réactions suite au tsunami de 2011

De nombreuses réactions se sont fait entendre dans les médias et surtout sur internet suite à cette catastrophe naturelle survenue au Japon. Prophecy prend l’exemple des déclarations de Sea Sheperd mais elles ne furent pas les seules :

Forum de communauté chrétienne affirmant que le tsunami fut une punition divine 

Point de vue d’un réalisateur russe déclarant que le tsunami est une justice rendue aux Russes 

Réactions de la part d’Américains statuant que la catastrophe fut une punition pour Pearl Harbor 

Le gouverneur de Tokyo a également réagi en ce sens 

Sea Shepherd

L’association écologiste à laquelle l’auteur fait directement référence dans le tome 2.

Leur show TV évoqué dans Prophecy 

Leur leader, Paul Watson est représenté par le personnage de Bob Parker dans le manga. Il ne fait aucun doute sur la comparaison entre les deux, la vie privée du personnage du manga correspond exactement à celle de Paul Watson 

Son nom, Bob Parker, vient très probablement de ce bateau

Et enfin, sa déclaration suite au Tsunami (évoquée dans le manga par « la colère de Neptune »)

L'affaire du garde-côtes

Evoquée par Yoshino lors du moment de sa démission, cette affaire fut beaucoup de bruit au Japon et se révéla extrêmement importante dans leurs relations d’affaire avec la Chine.

Pour en savoir plus (liens en anglais) :

http://www.japansubculture.com/the-coast-guard-agent-who-tried-to-rescue-japan-a-humble-hero/

https://www.japantimes.co.jp/news/2011/02/15/national/jcg-leak-source-defend-senkakus/

http://mybookshop.comuf.com/xxsep07.htm

La vidéo au centre de l’affaire est toujours disponible sur Youtube (et est représentée dans une case de Prophecy) : https://www.youtube.com/watch?v=eTmRiNgVJbA

Hiroyuki Nishimura

Créateur de 2chan et figure emblématique d’internet, il est cité lors de l’apparition de Tadashi Shitaragi.

Son profil

Si vous avez apprécié Prophecy, je ne peux que vous conseiller de lire le reste de la bibliographie de Testsuya Tsutsui.

Duds Hunt manga
Reset manga
Manhole Tetsuya Tsutsui
Poison City Tetsuya Tsutsui

Dans le même thème, le manga Demokratia de Motoro Mase (5 tomes, Kaze) aborde le rapport de la société au digital et dépeint une critique intéressante de l’aspect communautaire d’internet.

Demokratia manga
Anime Terror in Resonance

L’anime Terror in resonance de Shinichiro Watanabe (11 épisodes, @Anime) fait écho à Prophecy en mettant également en scène des terroristes œuvrant sur le web.