Helter Skelter
« Look out, ’cause here she comes »
La critique d’un manga a pour but de vous donner envie de vous intéresser à l’œuvre SANS SPOIL pour ne pas vous gâcher le plaisir de lecture.
En bref : Lente descente aux enfers d’une victime du culte de la beauté. Helter Skelter nous entraîne dans un sombre voyage, sans aucun filtre, à la découverte des travers de l’industrie de la mode et des lourdes conséquences sur ses « idoles ».
Être aimée de tous, au centre de l’attention, érigée comme un symbole de beauté et un modèle de succès… Tel est le rêve accompli de la jeune Lili qui représente le pinacle de l’épanouissement et de la réussite aux yeux des médias. Néanmoins, tout cela a un prix.
Lente descente aux enfers inévitable, Lili se perd entre relations abusives, visites dans un hôpital douteux et crises d’anxiété face au constat inébranlable du temps qui passe.
Helter Skelter (Casterman) de Kyokô Okazaki nous invite à découvrir, en un seul volume, l’envers du décor du succès médiatique au cours d’un voyage au sein du psyché de son héroïne.
Avec un style graphique épuré qui tend vers le shojo, l’accent est porté sur les expressions des personnages. L’ambiance est ainsi à l’image de son histoire et de son héroïne : une beauté déformée.
Pour renforcer notre intimité avec les protagonistes du récit, l’auteur va incrémenter de nombreuses cases entièrement noires au sein desquelles vont s’exprimer des réflexions tout aussi sombres que terriblement lucides. Ce choix graphique permet de mettre efficacement en lumière le revers tantôt mélancolique tantôt fataliste des scènes qui font figures d’arrière-plans.
L’œuvre porte de manière continue un jugement vindicatif sur l’industrie de la mode ainsi que sur le culte de la beauté que cette dernière entretient. Le côté médical n’est pas non plus en reste avec la clinique omniprésente dans le récit, accusée de mener des recherches illégales sur des produits de beauté à base de fœtus ou d’ovaires amputés.
Là où des yeux occidentaux pourraient penser que ce fait est grossièrement exagéré, des scandales et des suspicions de ce type se sont déjà bel et bien produits dans nos sociétés. D’autant plus qu’au Japon, des crèmes de jour à base de cordons ombilicaux sont fabriquées et commercialisées. C’est pourquoi les dérives médicales présentées dans Helter Skelter ne sont pas irréalistes et cela est également valable pour l’industrie des idoles dont les retours d’expériences ne sont pas toujours éloignés de l’atrocité exposée dans le récit (Ne pas perdre de vue que la vision d’éthique que chaque société entretient est fondamentalement différente).
Ainsi, la jeune Lili va avancer page après page dans une atmosphère où tout devient anxiogène, de l’environnement aux regards des autres, dans lesquels viennent se confondre les yeux du lecteur, passif face à ce brin de vie échappant à tout contrôle.
Comme un appel à l’aide lancé au milieu d’un désert, Helter Skelter nous rend spectateur d’un mal-être grandissant qui entraîne dérives psychologiques et physiques auxquelles nous faisons face, impuissants.
One-shot d’Inio Asano, Errance (Kana) nous plonge au sein d’un récit aux allures autobiographiques dans lequel nous suivons un auteur de mangas en perpétuelle remise en question. Désabusé et désemparé, le personnage central erre dans les méandres de la pensée.
Perfect Blue (Kaze) est le premier long-métrage de Satoshi Kon. Véritable monument du monde de l’animation, nous suivons ici les mésaventures de Mima, jeune idol populaire qui s’attire les mauvais jugements de ses fans lorsqu’elle décide d’orienter sa carrière vers le cinéma. Satoshi Kon ne cesse de jouer avec le spectateur en le plongeant au sein des doutes de Mima au travers d’une ambiance et d’une narration uniques.
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